Si les céramiques Pichon restent à ce point actuelles aujourd'hui, près de deux siècles après leur création,
c'est à leur authenticité qu'elles le doivent, à cette façon d'habiter le coeur autant que la maison,
et d'inviter à cultiver, à travers une collection fidèle à la tradition, l'éternel appétit de la vie.
Comme une histoire noble et intemporelle, universelle et infinie, le destin des céramiques Pichon
est né un jour de la terre pour ne plus jamais la quitter. Cette histoire s'écrit chaque jour depuis 1806
au plus profond de la matière, ses plus belles pages gravées dans l'argile, comme autant de signes inaltérables
d'une grande tradition perpétuée. À quoi tient cette admirable persévérance, ce respect scrupuleux du geste ancien
et parfait, cette volonté de prolonger, par-delà les générations, un savoir-faire rare et précieux?
Sans doute faudrait-il parler de feu sacré, celui qui anime la dynastie des Pichon, depuis ce jour où
François Pichon se détourna de l'art paternel, tourneur sur bois, pour entrer en faïence et marquer le début
d'une saga familiale, faite de travail, de talent et de coeur. Un feu sacré semblable à celui que connut Palissy,
savant illustre, qui consacra toute sa vie à cette quête de perfection, allant jusqu'à brûler ses meubles
et le plancher de sa maison pour alimenter son four et devenir, dit-on, le père de la céramique d'aujourd'hui.
En 1826, François Pichon a 22 ans. Uzès connaît alors un nouvel essor suscité par l'arrivée d'ateliers
de faïence valenciennois, ayant choisi la région pour ses argiles célèbres. Cette nouvelle concurrence pour
les ateliers uzétiens crée un climat d'émulation et c'est dans ce contexte que le jeune François va apprendre
son métier puis s'illustrer, très vite, par son talent et sa créativité. Si bien qu'il rachète le mobilier
de l'atelier qui l'employait et s'installe à son propre compte avec un mot d'ordre : la création. Très vite,
l'entreprise, qui fait déjà travailler toute la famille, prospère et grandit. Lorsqu'un jour,
aux alentours de 1860, François Pichon a l'idée de mélanger la terre des collines avoisinantes aux couleurs
naturellement oxydées, il crée ce qui deviendra le couronnement de l'atelier Pichon et le plus beau
secret de famille : les fameux « marbrés », caractéristiques du savoir-faire des Pichon et particulièrement
prisés des collectionneurs. François travaille alors avec ses fils, dont Nicolas, qui maîtrise mieux que
quiconque l'art d'être faïencier et la vertu d'être potier, et qui prendra la succession de son père,
le 8 décembre 1877.
Le destin de la famille est désormais scellé. En 1897, les ateliers de la rue d'Allais sont repris par Paul,
le petit-fils de François, qui va donner à la maison Pichon une nouvelle impulsion. La suite de l'histoire
est émaillée de belles rencontres, comme celle de Frédéric Mistral qui chantera les louanges de Paul le potier,
ou encore celle de la Duchesse d'Uzès qui deviendra l'ambassadrice de la maison auprès du Tout-Paris.
Les modes se succèdent, les créations s'enchaînent mais l'esprit reste intact, jalousement gardé par Henri Pichon
qui mènera les ateliers jusqu'en 1964. C'est alors que Jean-Paul prend la relève et développe une nouvelle gamme
de vaisselle, déclinée dans des coloris exclusifs, contribuant à asseoir la réputation de la marque partout en
France et dans de nombreux pays. Aujourd'hui, Christophe Pichon est le digne héritier d'une brillante et prestigieuse
lignée d'artisans créateurs, qui ont su comme personne enrichir la tradition de leurs innovations et de leur
personnalité unique. Les styles évoluent au rythme des tendances et le modèle festonné « Provence » remporte
un vif succès. Pour Jacqueline Morabito, la ligne « Louis XV campagne » aux proportions généreuses, a été créée
et se décline exclusivement dans les tons naturels de blanc, crème, sable et nuage qu'elle affectionne
particulièrement. 5 lignes qui perpétuent la même exigence de qualité et qui s'accompagnent de couleurs
subtiles ou éclatantes, comme un hommage à la Provence, dont la terre, l'air et le feu ont façonné l'esprit.
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